En juillet 2008, j'ai (finalement) décidé de changer de téléphone mobile; j'avais un vieux Nokia: vous savez, le truc noirâtre, bien costaud, qui explose en trois parties quand on le fait tomber (de pas trop haut) mais qu'on réassemble sans peine.
La carte SIM autorisait au plus 80 contacts; et la touche Haut/Bas commençait à donner des signes de faiblesse. Je suis allé chez le marchand (boutique Orange) et j'ai opté pour le Nokia N95. Tiens, vous aviez deviné? La suite des aventures, plus bas!
L'objet est assez joli, si l'on aime l'acier à côté de l'alu brossé. Moi, je n'aime pas: un marketoïde avec un goût de chiottes a encore frappé! Le dos est recouvert d'un matériau assez doux, d'un violacé qui ne casse pas trois pattes à un canard.
Avec ce N95, j'ai découvert un phénomène dont j'ignorais l'existence: un téléphone, ça peut se planter; oui, exactement comme un ordinateur sous Windows.
Pour celles et ceux qui n'auraient pas compris, je narre en détail: le téléphone est dans votre poche, vous l'en sortez, et vous constatez qu'aucune touche ne répond; pourtant, l'écran est éclairé; vous appuyez (désespérément) sur le bouton marche/arrêt, rien ne se passe. Bref: l'horreur technologique absolue.
Finalement, vous vous résigner à commettre l'horrible: vous faites glisser le petit capot à l'arrière du N95 (pas si facile que ça), vous enlevez la batterie, vous attendez cinq secondes que tous les petits électrons qui se battaient en duel soient allés se recoucher, vous remette la batterie en place, vous refermez le capot, vous appuyez sur le bouton marche/arrêt. Ouf, la chose consent à revenir à la vie.
Nokia propose des mises à jour, téléchargeables depuis son site. Excellent nouvelle, au premier abord.
Au deuxième abord, on se rend compte que ça va mal se passer: le téléchargement ne se fait pas directement vers le téléphone: il faut télécharger un fichier impérativement dans un PC tournant sous Windows. Mauvaise nouvelle. Très mauvaise nouvelle.
Le vendeur m'avait assuré la compatibilité du N95 avec mon Mac, mais ce salaud s'est foutu de ma gueule. En fait, comme à peu près tous les vendeurs de technologies nouvelles, il ne connaît pas suffisamment les produits qu'il vend. Oh là, mais je deviens indulgent, tout à coup!
Or donc, si vous n'avez chez vous que de braves Mac, ou des PC sous une variante de Linux (ce qui est mon cas), vous êtes dans la caca. Il ne vous reste qu'à rendre visite à un pote compréhensif et équipé d'un PC sous Windows. Pensez à vous munir d'une bonne bouteille pour faciliter la conversation: philosopher sur les qualités d'un Balvenie Double Wood est nettement passionnant que de discuter les mérites respectifs de deux boîtes à babil.
Nokia préconise une mise à jour par mois: au fou! La procédure dure, selon eux, une demi-heure: je devrais donc perdre six heures par an, rien que pour entretenir cette chose en bon état. Au fou, vous dis-je!
Le N95 a six faces: devant, derrière, côté gauche, côté droit, en haut et en bas. Eh bien, croyez-moi ou allez vous faire voir ailleurs, chaque face regorge de touches, de connecteurs, de bitouniaux mystérieux qui, après examen soigneux se révèlent être un microphone, un objectif pour se tirer le portrait (seul ennui, ça me fait un gros tarbouif), des haut-parleurs (dont la qualité m'a épaté, je le dis franchement).
Le truc tient bien dans la main; les touches du clavier sont un peu petites à mon goût, le carré pour se déplacer dans les quatre directions est parfois fantaisiste, mais c'est peut-être à cause d'un Parkinson sournois qui se profile à l'horizon. Va savoir.
En bref: il y a à boire et à manger. Le bon côté, c'est que, sur la carte SIM, on peut stocker des centaines de contacts, sans craindre le crise du logement. Actuellement, j'ai 243 contacts, qui occuppent un peu moins de 1,5 Mo de mémoire.
Pour chaque contact, on peut ajouter des champs à volonté: le logiciel propose des champs classiques, par exemple Portable, Surnom. Mais on peut aussi créer un champ de nom arbitraire: par exemple Plat préféré. L'utilisation est assez commode, mais sans plus: le clavier reste pénible à utiliser. Le mieux est de saisir ses contacts sur un ordinateur, puis de synchoniser; ce que je fais avec mon iBook et le logiciel iSync. Attention, il faut un additif, disponible sur le site de Nokia, voir plus bas.
Pour qu'iSync fonctionne bien, il faut installer un additif disponible sur le site de Nokia. Après, c'est un rêve. Visitez cette page pour télécharger l'additif.
Pour récupérer les photos (ou déposer de la musique) je fais ça à la barbare: l'interface Bluetooth permet de déposer des fichiers et d'en récupérer. On navigue dans une arborescence qui rappellera aux anciens l'époque de MS-DOS: bref, ça sent la technologie primitive, mais toujours efficace! De toute façon, pour moi, ce qui compte, c'est de pouvoir déposer les fichiers où je veux (et pas là où Madame Nokia, voire Monsieur Apple, voudrait les mettre: non mais enfin, qui commande, ici?).
L'horreur. Écrit par un stagiaire, traduit par un autre stagiaire (qui, manifestement, est en délicatesse avec la syntaxe). Déjà, ça commence mal.
Certaines informations vraiment utiles (cf. plus bas) ne se trouvent nulle part dans le manuel, ou alors on tombe dessus par hasard. Les indications du manuel pour accéder à telle ou telle fonction sont souvent fausses; quelques exemples:
En clair:
Franchement, ça laisse pensif. Que dis-je, pensif? Consterné, oui. Ces mecs se la pètent bien avec des slogans d'une débilité absolue, comme Connecting people: ben oui mon con, on se doute bien qu'ils n'ont pas l'intention de connecter les vaches; quoique, à la réflexion, peut-être qu'ils ont ça dans les cartons. Va savoir, Charles!
Certaines de ces astuces (indispensables) sont indiquées dans le manuel.
Juste une question, Madame Nokia: ça vous ferait vraiment chier de mettre ce genre d'information en bonne place dans le manuel? En fait, la réponse est simple: Miss Nokia a décidé que ce téléphone renfermait un jeu de rôles dont le client est le héros. En l'occurrence, ledit client l'a surtout dans le postérieur.
Enfin un truc qui marche bien; mon forfait m'autorise les textos gratuits après 20h le soir (je n'ai aucune idée de l'heure à laquelle cette gâterie se termine, donc j'envoie mes textos avant 21 heures, on ne sait jamais!
Le N95 propose de gérer des groupes de correspondants; comme j'enseigne à une classe de 48 jeunes filles et jeunes gens qui ont l'incroyable prétention de devnir ingénieurs, j'ai créé un groupe pour toutes celles et ceux qui ont un téléphone mobile. Comme ça, de temps à autre, je leur envoie un texto du genre suivant:
Interro écrite de trigonométrie mardi prochain!
Panique à la réception! Bon, on s'amuse comme on peut; mais, mine de rien, c'est commode.
En fait, pas tant que ça: il faut saisir le texte sur le clavier du Nokia, ce qui est gonflant au-delà de l'imaginable. Quitte à faire, je préférerais utiliser une tablette de marbre, un burin et un marteau: au moins, je développerai mes biscotos!
J'avais testé une solution utilisant un widget (quel nom à la con!) sur l'iBook: j'en ai testé un premier, totalement déconnant; un deuxième, qui a bien fonctionné une fois (sans que je comprenne pourquoi), bien fonctionné une deuxième fois (itou) et une troisième fois. Ensuite, rideau. De toute façon le bout de logiciel avait été écrit par quelqu'un qui en avait cessé le développement. Donc l'avenir était plus écrit dans le marc de café que sur le fronton de l'Élysée.
Ayant reçu mon premier MMS, j'ai voulu enregistrer la photo sur la carte MicroSD. Je n'ai pas trouvé dans le manuel la page qui expliquerait les incantations à proférer. Heureusement, j'ai d'anciens étudiants plus malins que moi. Voici donc la démarche préconisée par Samuel: